Place à l’économie et aux entreprises avec le BEL RTL Eco de Bruno Wattenbergh qui nous parle ce mercredi matin de Samsung et des conséquences pour le géant sud-coréen de l’arrêt de la production de son téléphone phare, le Galaxy Note 7.
Comment est-il possible qu’un constructeur comme Samsung ait pu mettre sur le marché des téléphones qui prennent feu ou qui explose? Rien que des raisons simples et logiques. D'abord il y a le taux de renouvellement des produits. Ils doivent être chaque fois plus puissants, plus rapides et durer plus longtemps. Ensuite, il y a de plus en plus de demandes de batteries, les cadences de production augmentent, on doit donc fabriquer de nouvelles unités de production, tirer sur le capital humain. Soit exactement ce que Toyota a connu comme déboire quand il se battait pour répondre à une forte croissance de ses ventes.
Combien de téléphones vont devoir être retirés du marché?
On estime à environ 2 millions et demi le nombre d’appareil Samsung Galaxy Note 7 retirés du marché depuis le début du mois de septembre. Et là, la production a été carrément supprimée. Les raisons, vous en avez plus que probablement entendu parler, ce sont les batteries qui prennent feu ou pire qui explosent. En pratique, on suppose que ce sont des téléphones, dont les batteries avaient été changées qui ont quand même provoqué des incidents.
Un téléphone qui était déjà en vente en Belgique?
En Belgique, 1.200 exemplaires du Samsung Galaxy Note 7 ont déjà fait l'objet d'une précommande au prix de 849€. Ces 1.200 belges seront remboursés ou pourront choisir un autre smartphone Samsung dans la gamme, avec remboursement du trop plein perçu. Les clients peuvent se faire rembourser dans leur point de vente.
Quelles vont être les conséquences pour Samsung?
La survie de l’entreprise n’est pas remise en question. L’entreprise possède suffisamment de cash et surtout elle a d’autres activités, notamment la fourniture de composants électroniques, qui vont soutenir ses activités. Par contre, ce retrait va lui coûter énormément d’argent, on parle de plus de 2 milliards de $, même si in fine le montant total sera sans doute plus élevé. Comme toujours dans ces cas là, c’est l’actionnaire qui sera lésé. Le cours de bourse s’est déjà solidement effondré et cela risque de durer quelques mois encore. La première conséquence est que les fonds activistes, ces fonds minoritaires qui tentent d’influencer les décisions managériales au profit des actionnaires, se sont jetés dans la bataille. Ils réclament la scission de l’entreprise en deux parties, l’une financière et l’autre industrielle, que l’entreprise soit cotée à Wall Street pour augmenter la transparence, qu’elle verse un super dividende et enfin que sa gouvernance change.
Que voulez-vous dire par gouvernance?
La manière dont la stratégie est décidée et mise en œuvre avec une répartition des responsabilités entre les actionnaires et le management. Il faut savoir que le groupe Samsung vit une transition générationnelle controversée et observée avec attention par les marchés. Depuis une crise cardiaque en 2014, le patriarche historique est alité. et son fils de 48 ans, est considéré comme l’héritier probable à la tête de Samsung Electronics et de la maison mère, Samsung Group. Il y a gros à parier que les autres actionnaires exigent un management plus transparent, voire écarte une famille qui in fine ne posséderait que 5% du capital de ce géant.
